La ganipote est une créature légendaire et maléfique issue du folklore et des légendes des provinces du centre-ouest de la France. On en trouve ainsi mention en Charentes, en Guyenne (« ganipaute ») et jusqu'en Forez (« galipoto») et dans le Morvan. Elle est également connue au Québec. Le terme masculin « ganipot » est parfois utilisé, mais reste d'emploi beaucoup plus limité. Une créature aux caractéristiques proches, la garache, est typique des légendes poitevines.
Dans son dictionnaire du patois saintongeais, paru en 1869, Pierre Jônain décrit la ganipote comme : « La male-bête, l'objet des craintes superstitieuses de toutes nos campagnes. Ce sont, dit-on, des sorciers qui se changent, la nuit, en chien blanc (cani-pote, patte de chien) et courent le pays pour faire peur et pour faire mal ».
Créature malfaisante et protéiforme liée au monde de la sorcellerie, elle hanterait les bois sombres, parcourrait la campagne les nuits sans lune ou rôderait autour des demeures habitées le matin avant le jour, et le soir après le coucher du soleil. Volontiers facétieuse, elle est apparentée au loup-garou bien qu'elle soit capable de prendre non seulement l'apparence d'un loup, mais aussi d'un chien, d'un mouton, d'une chèvre, d'un chat, d'un lièvre, etc… et s'amuse à terroriser les passants en leur sautant violemment sur le dos, toutes griffes dehors. Elle s'y agrippe et pèse de tout son poids jusqu'à ce qu'ils périssent étouffés. Parfois, prenant au contraire un aspect inoffensif, elle invite les enfants à la suivre afin de mieux les perdre.
Le processus de transformation d'une ganipote pourrait se faire de plusieurs façons différentes.
Certaines traditions évoquent une sortie de l'âme de la personne victime de ce sortilège, et son incarnation dans le corps d'un animal. L'enveloppe charnelle ne serait pas affectée, et resterait en état de léthargie jusqu'aux premières lueurs du jour.
D'autres au contraire évoquent une métamorphose pure et simple, dans des circonstances qui peuvent varier selon la région et l'auteur.
Enfin, certains récits évoquent un dédoublement du corps : la ganipote aurait ainsi simultanément une forme humaine et une forme animale et maléfique, sans forcément avoir conscience de cet état de fait. Elle pourrait ainsi vaquer à ses occupations le plus innocemment du monde, ou simplement dormir dans son lit, pendant que son terrible « double » serait occupé à « courir la galipotte » et à terroriser les environs. Dans cette version, la ganipote est généralement quelqu'un coupable de mauvaises actions et frappé d'une malédiction. Au contraire, pour d'autres, c'est un sorcier qui se transforme volontairement en s'enduisant d'une pommade.
Ces légendes, qui ont fait frémir des générations de jeunes charentais et poitevins, étaient encore reprises le plus sérieusement qui soit dans la presse à la fin du XIXe siècle, comme en témoigne cette annonce parue dans « La Lune » (journal de Fouras) en date du 10 novembre 1895 :
« Une bigourne (galipote ou loup-garou) vient de faire son apparition à Fouras, on n'en avait pas vu depuis une douzaine d'années. Cette horrible bête vient se poster tous les soirs, vers huit heures, dans un bois le long de la ligne ferrée. Elle se montre sous différentes formes et effraie les personnes qui passent par-là. Mères de famille, veillez ! »
Une avenue de la Ganipote a été baptisée du nom de cette créature mythique à Saint-Palais-sur-Mer, en Charente-Maritime.
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