Les faits remontent au XVIIème siècle, où les murailles de la place forte de La Mothe se dressaient encore pour défendre la Lorraine contre les troupes françaises de Richelieu.
Dans l'un des villages de la région de Neufchâteau habitait celle que l'on appelait la Catherine Rabatiau et que l'on soupçonnait fort de pratiquer la sorcellerie. On contait qu'elle jetait des sorts, qu'elle ensorcelait les agneaux et qu'elle avait même le pouvoir de changer le lard de la soupe en pierre à fusil.
On la voyait quelques fois à l'église mais elle ne trempait pas ses doigts dans l'eau bénite et ne communiait pas. Aux veillées du vendredi, en sa présence, se produisaient toutes sortes de maléfices : la lampe s'éteignait sans raison, les femmes trouvaient des crapauds dans leurs sabots et on entendait des grincements aux carreaux. Et bien d'autres choses encore.
Les veilleuses mouraient de peur mais la Rabatiau demeurait tranquille, poussant parfois des soupirs qui ressemblaient à des grognements de petits cochons et remuant son couvot de sa main droite sans se brûler, jusqu'au moment où elle sortait avant tout le monde. Peu après, on entendait dans les airs passer le cortège effrayant de la "Chasse Tortue". Et enfin, aux dires de certains qui l'épiaient les dimanches matins, elle avait la tête d'une bête avec, autour des oreilles, du poil long et dur comme celui d'une barbe de bouc...
Le peuple racontait, sur la main qu'elle cachait, qu'il y avait au village un risque-tout : le Jérémie. Cet homme s'était battu un peu partout et n'avait peur de rien. Il fit bénir
son arquebuse et une balle et, toute une nuit, il guetta le retour de la Rabatiau. Au petit matin, il vit arriver une louve, marchant debout et tenant dans la patte droite un balai de bouleau. Il
n'hésita pas et tira. Mais comme il faisait un peu froid, il tremblait un peu et la balle dévia, traversant la patte de la bête. Alors, totalement paniqué, il s'enfuit de peur que la bête
l'attaque.
C'est depuis ce temps-là que la Rabatiau tenait sa main cachée !
La sorcière est morte pendant un orage. Dans son lit, on ne trouva qu'un crapaud crevé ! Avant de mourir, elle jeta un sort à ses bourreaux.
Le prêtre qui avait béni la balle se noya dans la Meuse. Le Jérémie, reparti à la guerre, mourut des suites de l'éclatement de son fusil qui lui mit la tête en bouillie...
REAGIR A L’ARTICLE :
Écrire commentaire