En 1870, le gouvernement du Québec fait ériger le phare du Rocher-aux-Oiseaux. On y place aussi un canon pour guider les vaisseaux par temps de brume. On nomme alors le premier gardien du phare, un monsieur Fennelton, dont on ignore le prénom.
Cependant, M. Fennelton refuse la charge au dernier moment en alléguant qu’il a rêvé d’une prémonition, selon laquelle, jamais aucun gardien ne garderait le phare plus de dix ans, sans malheur.
C’est monsieur Guitté qui remplace le premier gardien et qui se désiste, lui aussi, après deux années de travail, n’ayant pu s’habituer à la vie d’ermite d’un gardien de phare à l’époque.
C’est monsieur Patrick Whalem qui devient le nouveau gardien. Les sept premières années, tout va bien, mais le 8 avril 1880, Monsieur Whalen aperçoit d’un grand nombre de loups-marins aux environs du rocher et décide d’aller les chasser. Il est accompagné de son fils et de Thomas Thivierge, un ami qui était de passage. À peine les trois hommes arrivent sur la banquise qu’une tempête se lève et les glaces, poussées par la force du vent, s’éloignent si vite que les pauvres hommes ne réussissent pas à regagner leur demeure.
Le lendemain, Monsieur Thivierge retourne au Rocher, les pieds gelés et à moitié mort de froid. Il rapporte à l’inconsolable épouse du gardien que son époux et son fils sont morts pendant la nuit.
Quelques mois plus tard, le 25 juillet 1880, Monsieur Charles Chiasson, du Hâvre-aux-Maisons, est nommé nouveau gardien du phare. Cette fois, l’accident survient un an plus tard. Le 23 août 1881, ses amis Paul Chenelle, Jean Turbide et la famille de M. Chenelle viennent en visite et leur hôte décide de leur faire un petit tour guidé des installations. Le groupe parcourt la tour, la bouilloire, les engins. Pour finir, ils s’approchent du canon d’alarme. Les visiteurs prient le gardien de bien vouloir tirer un coup de canon.
Le gardien accède au désir de ses invités, mais… hélas, le canon explose. Le gardien est tué sur place, tout comme son fils et Monsieur Chenelle.
L’assistant du gardien décédé, monsieur Télesphore Turbide est jugé compétent et nommé nouveau gardien. Après 10 ans de service sans aucun accident, au début 1891, une nouvelle explosion du canon survient, cette fois au moment où le gardien tire pour avertir des bateaux de passage monsieurTurbide perd un bras.
Le gardien suivant, Monsieur Pierre Bourque, fait une chute grave du rocher en septembre 1896. Il est blessé et démissionne.
Le 7 mars 1897, par un temps magnifique, le nouveau gardien, M. Arsène Turbide, son fils Charles et son ami Damien Cormier aperçoivent un troupeau de loups-marins dans les alentours et décident d’aller à la chasse sur les glaces… ensuite… c’est la répétition des événements de 1880. Les chasseurs sont surpris par la tempête et emportés à la dérive. Le jeune Charles Turbide, 17 ans, et Damien Cormier, 60 ans, meurent de froid la première nuit qu’ils passent sur la banquise. Arsène Turbide, après trois jours et trois nuits sur la glace, sans aucune nourriture, les pieds gelés, fait terre à la Baie Saint-Laurent, mais il expire à l’hôpital.
On nomme immédiatement un nouveau gardien, M. Hippolyte Melanson. Cette fois, il n’a pas fallu attendre longtemps avant que l’accident arrive… L’histoire est banale : le 12 juin 1897, le canon d’alarme explose et M. Melanson est grièvement blessé.
Après cette troisième explosion du canon, on le remplace par un sifflet à air comprimé.
Au début mars 1911, le gardien suivant, Wilfrid Bourque, est allé à la chasse des loups-marins. On a retrouvé son corps inanimé le lendemain.
Le gardien suivant, M. Elphège Bourque, neveu du feu gardien Wilfrid Bourque, vient occuper le poste du gardien l’été 1912. Pendant un temps, tout marche bien. Il ne va jamais à la chasse aux loups-marins. Le canon n’existant plus, on ne peut être victime d’une explosion, et il ne s’approche jamais des ravins…
Mais Monsieur Elphège Bourque, son frère Albin Bourque et M. Philias Richard, sont morts à la suite d’un empoisonnement par l’eau qui s’est fait mauvaise après une longue conservation dans un réservoir où était probablement tombé un animal.
L’année suivante, personne n’exprimant le désir de postuler pour le poste de gardien du phare, celui-ci fut abandonné.
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