Dans les croyances bretonnes existe un personnage sinistre qui erre la nuit par les chemins. On l'appelle l'Ankou, et il est l'ouvrier de la mort (oberour ar maro) travaillant pour Dieu.
L'Ankou est un être réellement terrifiant à voir. C'est un homme très grand et très mince, qui a l'allure d'un paysan, si bien qu'on le prend souvent pour tel quand on le voit de loin, ou de dos. Il est coiffé d'un large chapeau de feutre noir qui ombrage sa figure, et est revêtu d'un grand manteau tout aussi sombre. Les gens qui l'ont vu de près et décrit, disent de lui qu'il n'a pas de nez, que ses orbites sont noires et profondes, et que son squelette n'est recouvert que d'une chair putride et en lambeaux. Et pour qu'il puisse couvrir de son regard toute la région, sa tête vire à 360° sur elle-même.
A la main il tient une faux comme celle des moissonneurs, à cette différence près que la lame de la sienne est retournée vers l'extérieur ; si bien que lorsque l'Ankou fauche, il ne la ramène pas vers lui comme on le fait ordinairement, mais il la lance toujours en avant.
Pour l'affuter, il se sert d'un ossement humain. Parfois il arrive que l'Ankou abîme sa faux ; dans ces cas-là il va la faire réparer par un forgeron qui travaille encore le samedi soir et dépasse l'heure fatidique de minuit. L'artisan, qui dans la pénombre de sa forge ne reconnaît pas l'ouvrier de la mort, effectue l'ouvrage qui généralement consiste juste à resserrer une vis. Ce n'est qu'après que l'Ankou lui annonce qui il est vraiment, et que le forgeron vient de réaliser son dernier ouvrage. En effet, le lendemain il est pris d'une fièvre étrange, et a juste le temps de se faire donner l'extrême-onction avant d'expirer.
L'autre outil indispensable à l'Ankou pour sa besogne est sa charrette (karrig an Ankou), qui a une double utilité : elle lui sert bien entendu à se déplacer d'une demeure à une autre, mais c'est aussi dans sa charrette que sont empilées les âmes des morts (anaon) qu'il est venu chercher. Elle est par ailleurs attelée à deux chevaux : celui du devant est très maigre, et le second très gras. Si par hasard on se trouve sur la route de l'Ankou, on en est averti par l'horrible grincement des roues, et il importe alors de s'écarter le plus vite possible du chemin !
L'Ankou ne travaille généralement pas seul, quoi que cela dépende des versions rapportées dans les légendes. On considère qu'il est accompagné par deux acolytes, et que chacun a son rôle défini.
Le premier est chargé de guider les chevaux par les chemins, et de réparer le char de l'Ankou si un essieu venait à se casser par exemple.
Quant au second, c'est lui qui ouvre les portes des demeures où ils se rendent et qui entasse dans la charette les âmes des personnes que l'ouvrier de la mort à fauché.
Parfois, certaines personnes voyant la Mort arriver tentent de la corrompre afin de retarder l'échéance. Mais l'Ankou ne connaît pas l'intérêt et est totalement dépourvu d'émotions, il
n'est donc pas dans ses habitudes de faire des concessions. Au mieux, si l'individu a été bon de son vivant, il viendra le prévenir une semaine à l'avance de son passage, afin qu'il puisse «
mettre ses affaires en ordre », c'est-à-dire se faire donner l'extrême-onction.
Il existe cependant quelques rares personnes qui sont parvenues à rouler la Mort.
Par exemple, un vieil homme qui avait été extrêmement bon de son vivant, avait réussi à obtenir de l'Ankou (chose incroyable) une ultime faveur, pourvu que celle-ci ne demandât pas plus de 5 minutes. Le vieillard exigea donc que l'Ankou grimpa dans le pommier pour qu'il lui cueillît un fruit, car ils venaient juste de mûrir et il n'avait pas encore eu l'occasion d'y goûter cette année. L'Ankou s'exécuta aussitôt, mais l'arbre était ensorcelé, et nul ne pouvait en redescendre sans la permission du vieil homme. Si bien qu'il ne put redescendre qu'après avoir promis qu'il épargnerait le village pendant 7 ans, après avoir fauché le vieil homme. Et l'Ankou respecta sa promesse, car il faut aussi préciser que l'ouvrier de la mort n'a qu'une parole.
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