THE VISIT (2015)

Casting :

2015 fut une année assez mouvementée dans le monde cinématographique horrifique. On peut noter l’hécatombe totale de grandes icônes du cinéma d’horreur comme Wes Craven, Rose Siggins (American Horror Story), Robert Loggia (Psychose 2 et Scarface), ou encore Christopher Lee. Cette hécatombe se soutient aussi avec la sortie de nombreux films d’horreur, passant très difficilement le stade de “regardable”. Je pense notamment au très plat Insidious 3, à l’inutile Sinister 2, au très mauvais Les dossiers secrets du Vatican, à l’horreur repoussante de The Human Centipede 3 et à l’hilarant Lazarus Effect. Parmi tous ces films, l’un d’entre eux retint mon attention, ou plutôt le nom de son réalisateur : M. Night Shyamalan. Je veux parler de The Visit.

Connaissant la quasi-totalité du CV de Monsieur Shalyaman, je pense surtout aux géniaux Le Village et Le sixième sens, le film semblait tomber dans une année de médiocrité pour le cinéma d’horreur. The Visit est-il donc au même titre que ses confrères de l’année 2015 ou se détache-t-il du lot ?

Personnellement, quand je vais voir un film d’horreur au cinéma, il faut que celui-ci m’est déjà attiré dans sa promo. Rien qu’une phrase ou une image peut me mettre l’eau à la bouche. Dans le cas de The Visit, malgré un manque de visuel, la bande-annonce était à mon goût et une phrase tout particulière retînt aussitôt mon attention : “Tu veux bien entrer dans le four pour le nettoyer ?”. Rien que cette réplique d’une gentille grand-mère m’a levé de mon lit pour aller au cinéma.

J’ai vu le film sans appréhension. C’est avant tout un thriller found footage (encore !), tourné intégralement à la première personne par les deux personnages principaux, Tyler et Rebecca. Le synopsis n’est pas vraiment dans l’originalité, mais m’avait tout de même intrigué. Deux enfants vont rendre visite à leurs grands-parents, ayant appris un désaccord passé entre eux et leur mère. Les enfants découvrent alors un autre visage de leur papy et de leur mamie, notamment durant l’énoncé d’une règle importante : ne sortez pas de votre chambre après 9h30. 

Le film met un peu de temps à se mettre en place, mais ça nous laisse tout le loisir de rencontrer un peu tous les personnages, dont les deux enfants, qui tournent un reportage sur leur famille. Nuit après nuit, ils sont témoins de scènes étranges et effrayantes. Ils voient leur grand-mère grattant les portes toute nue, courant à travers la maison, se traînant parterre, se prenant pour un ours, ou jouant à cache-cache avec une fesse à l’air. En plus de cela, le grand-père cache un secret dans une grange de la propriété, un secret que ne tarde à pas à découvrir le jeune Tyler : son incontinence... ou du moins, ce qui résulte de son incontinence !

De fil en aiguille, les deux enfants découvrent chaque jour une nouvelle facette de leurs grands-parents, toujours plus sombre et inquiétante. Malgré quelques longueurs de temps à autre, le film tient bien en haleine du début à la fin, notamment grâce à un suspense bien maîtrisée, qui ne rentre pas dans les stéréotypes et le déjà vu, mais surtout par un jeu d’acteur vraiment convaincant.

Je tiens à féliciter l’actrice Deana Dunnaghan, qui interprète le rôle de la grand-mère. Elle a réussi à jouer un double rôle : la grand-mère se faisant vieille mais aimant ses petits-enfants et une démente, dès 9h30 passés, claque les portes de la maison et  vomit sur tout le plancher. Son interprétation mettra un peu de côté celle du grand-père, convaincant mais, manquant cruellement de charisme. La grand-mère reste le personnage fort du film, sans qui il n’y aurait aucun suspense, ni aucune intrigue. Et sa phrase” Tu veux bien entrer dans le four pour le nettoyer ?” est très bien décochée, nous donnant des accélérations de notre rythme cardiaque quand on voit la jeune fille entrer dans le four.

Il n’y aucune scène sanglante, ni aucune scène gore durant tout le film. Un aspect propre à M. Night Shyamalan, qui ne nous déplaît pas et qui montre qu’on peut faire du suspense et de l’effroi sans une seule goutte de sang. C’est basé avant tout sur la surprise et ce cadre pesant qu’est la ferme familiale où planent des secrets bien gardés.

Malheureusement, comme tout film, il a des hauts et des bas. Il y a une chose que j’ai vraiment regrettée, c’est la présence de cet aspect found footage. Franchement, ce côté caméra à la première personne était vraiment inutile pour le film et je sais que la réalisation aurait pu faire un meilleur suspense si certains passages (notamment certaines interviews) avaient été éclipsés.

Certaines scènes sont effrayantes grâce à cette caméra à la première personne, je pense à la scène du cache-cache dans les bas-fonds de la maison, ou encore quand les enfants installent la caméra dans le salon et que l’on voit la grand-mère faire... ce qu’elle fait quand les 9h30 ont retenti. Mais le film aurait pu s’en tenir à cela, car contrairement à Blair Witch ou même Paranormal Activity, il n’y a pas de réel intérêt à faire cela, l’histoire aurait pu coller sans l’ajout d’un documentaire de famille. Au final, le film se perd un peu sur certains passages, notamment une ou deux scènes d’interview plutôt longue, s’écartant de l’histoire. Peut-être était-ce l’idée de M. Night de rajouter un côté moderne au film.

Un film tourné normalement aurait été, je pense, deux fois plus effrayant, consistant dans son scénario et moins copié sur tous les autres films found footage déjà sortis. C’est un point négatif à débattre, mais The Visit n’aurait, selon moi, pas eu besoin de cela pour être attractif.

En conclusion, The Visit est plutôt bien, dans la ligné d’un bon film d’épouvante qui ne fait pas que du suspense pour du suspense. Le jeu d’acteur est bon et convaincant, le synopsis est simple, mais se dénoue de manière imprévisible vers la fin, même si je reste un peu sur ma faim. Connaissant les dons de M. Night Shyamalan pour faire des twists finaux excellents (notamment pour Le Sixième Sens et Le Village), je pensais m’attendre à un retournement de situation totale. Il y en a effectivement un, mais pas aussi surprenant que je l’attendais. Mais ça reste, selon moi, le meilleur film d’épouvante de cette année 2015, étant un peu le seul film que l’on peut considérer comme d’épouvante de cette année. C’est le seul qui m’a fait un peu sursauter !

La Bande Annonce :

Images du film :