En 1996, un évènement du jeu vidéo sort sur Playstation : Resident Evil. Terrifiant de nombreuses personnes sur la planète, il est le premier véritable survival horror, ou du moins le premier à être reconnu du grand public et à employer ce titre. Faisant un succès fou, les éditeurs tiers se mordent les doigts face à ce succès difficile à égaler. Mais en 1999, Konami tente le tout pour le tout et créer Silent Hill, leur premier survival horror. Placé sous la direction de Keiichiro Toyama, ce projet né en se basant sur The Mist (Brume), une nouvelle de Stephen King et est censé être l'adaptation de cette dernière. Seulement voilà, Konami perdit les droits de The Mist alors que le développement était déjà en cours. Mais Toyama croit fort en son projet et décide de modifier le scénario jusqu'à obtenir Silent Hill. Attention, âmes sensibles s'abstenir !
Si Capcom avait marqué les esprits avec un Resident Evil baignant dans le même bain qu'un film de zombie de série B avec bien sûr un scénario plus poussé, Konami se devait d'innover. Silent Hill ne cherche donc pas à reproduire un film de mort-vivants, bien au contraire et à plutôt tendance à s'inspirer de réalisateurs tels David Lynch (Twin Peaks) ou encore Adrian Lyne (L'Echelle de Jacob). Les sources d'inspiration s'étendent même jusqu'à la littérature et la peinture avec les oeuvres de Lovecraft et King ainsi que les tableaux de Francis Bacon.
Silent Hill ne joue donc pas sur les mêmes peurs : alors que Resident Evil usait plus d'une peur jouant sur la surprise (les chiens qui passent d'un coup par la fenêtre, les zombies cachés dans le croisement d'un couloir) et le visuel, le bébé de Konami adopte plutôt une approche psychologique.
Avant de parler de ceci plus précisément, revenons un peu sur l'histoire.
Tout commence lorsque Harry Mason arrive dans la petite ville de Silent Hill accompagné de sa fille unique Cheryl à bord de sa voiture. Au beau milieu de la nuit, ces derniers sont victimes d'un accident de voiture. Harry se réveille quelques instants plus tard dans sa voiture mais Cheryl a disparu et un étrange brouillard recouvre le village, un village qui s'annonce être bien sinistre et peuplé d'étranges forces obscures...
Où est passée Cheryl ? Quelles sont ces étranges créatures qui vaquent dans les ruelles sombres de Silent Hill ? Et pourquoi y a-t-il une constante pluie de cendre qui s'abat sur la ville ? Bien des questions montent vite en tête de Harry, et celui-ci se retrouve dans une aventure paranormale en quête de réponses qu'il n'est pas prêt d'oublier...
Comme vous pouvez le voir, Silent Hill joue beaucoup plus sur la peur de l'inconnu. Ici, notre héros n'est pas un militaire surentraîné arrivant sur des terres connues, non, Harry Mason est un homme comme un autre n'ayant aucune arme sur lui et n'ayant aucune mission auparavant attribuée. Ce pauvre homme se retrouve dans une ville pas comme les autres, à la recherche désespérante de sa fille. Harry découvre Silent Hill avec nous : armé d'une petite lampe de poche, il partira dès les premiers instants retrouver sa fille et n'hésitera pas à pénétrer dans la première ruelle sombre pour voir si elle ne s'y trouve pas, seulement, la première rencontre qu'il fera ne sera pas forcément avec la personne voulue...
Dès les premiers instants, on comprend dans quel ressenti les développeurs veulent nous mettre : à peine le jeu commencé que nous avons peur. Oui, peur d'avancer dans ces longues ruelles qui constituent la ville de Silent Hill. En effet, un brouillard tapisse constamment les décors et il est tout bonnement impossible de voir à plus de 5 mètres devant soi, celui-ci s'avère d'ailleurs être vite pénible tant l'on confond la moindre borne d'incendie avec un ennemi. Mais ce n'est pas tout ! Car si dans Resident Evil on a la hantise de croiser un zombie derrière un angle de couloir, ici nous savons très bien quand nous sommes proches d'un monstre : en effet, Harry trouve une petite radio dès le début du jeu qui émet quelques sons grésillant de plus en plus forts plus l'on s'approche d'un ennemi ! Et je peux vous garantir que cette recette marche, car le fait de savoir qu'un ennemi est proche mais que l'on ne le voit pas à cause du brouillard ou de la nuit est diablement plus effrayant car l'on panique !
Pour revenir à ce que l'on disait précédemment, Silent Hill use donc d'une peur basée sur l'inconnaissance. La peur de progresser est constante. De plus, les ennemis sont eux aussi extraordinaires : alors que les premiers ennemis sont des chiens complètement décharnés ainsi que des espèces de ptérodactyles voraces, d'autres ignobilités telles les créatures naines et griffues ainsi que les mythiques infirmières viennent s'ajouter au panel horrifique du jeu. On trouve d'ailleurs aussi quelques boss, tout comme le monstre de l'école dont on peut avoir un aperçu de la silhouette en lisant les cahiers des défunts enfants dans les salles de classe.
Outre le brouillard et les ennemis, Silent Hill joue sur la peur par d'autres nombreux moyens : si durant la journée la brume gêne votre vision, le reste du jeu se fait dans le noir le plus complet ! Votre lampe de poche sera donc vite votre meilleure amie, mais aussi votre pire ennemie car son faisceau lumineux attire les monstres, et surtout vous glacera le sang à maintes reprises; parfois, vous remarquerez en vous tournant que votre faisceau aura illuminé un monstre tapis au fond d'un couloir, quand vous déciderez de l'éclairer à nouveau, celui-ci se sera bien sûr rapprocher de vous : terrifiant.
La luminosité est donc un des facteurs qui vous apeurera certainement le plus souvent, tant il est souvent affreux d'apercevoir une créature auparavant tapie dans l'ombre, prête à vous surgir sur le dos.
Les sons sont également une des armes maîtresses utilisés pour vous faire trembler comme des feuilles au vent : le premier son qui en aura fait flipper plus d'un est certainement le bruit de la roue qui tourne sur le fauteuil roulant écrasé dans la première petite ruelle sombre visitée. Et ces sons sont nombreux, et oui... Exceptés les râles de monstres accompagnés de votre radio qui grésille, il s'ajoutera souvent à cela des bruits de portes qui grincent, de chaînes métalliques qui trainent au sol, ou bien encore des pleurs d'enfants. Le pire étant cependant quand vous entrez dans une salle et que vous entendez un bruit venant de l'extérieur de celle-ci : encore un coup à vous faire éteindre la console de peur !
Mais si les sons grinçants sont nombreux, il faut bien évidemment remarquer les musiques, peu nombreuses mais diablement efficaces : bien que souvent très simples, ces mélodies tout sauf apaisantes seront là pour encore plus vous faire oppresser ! Parfois d'ailleurs, aucun danger ne se profilera devant vous, seulement voilà, il y aura en revanche une foutue musique qui vous glacera le sang : ils ne sont pas fous chez Konami, ils ont tout prévu !
Vous l'aurez compris, la mise en scène est maîtrisé avec brio, il n'y a pas de doute, le but de nous faire peur est accompli, voir même trop. Le moteur 3D du jeu nous plonge encore plus dans la peur et on a vraiment l'impression d'être à la place de Hary (bien qu'en vrai, je pense que tout le monde mourrait de peur avant d'avoir vu ce qui correspond à la fin du jeu). Silent Hill use de plans parfaits, tel un film d'horreur, qui nous mettent une pression monstre. Parfois, on se retrouvera avec un plan fixe vu de dessus, cela dérange et le fait d'être perturbé fait stresser l'être humain, c'est bien connu. Il arrivera également qu'en passant une porte, on voit ce qui se passe devant nous à travers les yeux du héros, pour un résultat toujours autant effrayant.
Si on fait un mix de tout ce que l'on a vu auparavant, cela peut donner ce résultat : on passe une porte, on se retrouve dans une cour sombre, avec la radio qui grésille, une musique inquiétante, on ne voit rien, il y a un plan fixe, des bruitages inquiétants dans la salle voisine, et allez, amusons nous à dire que vous n'avez plus de munitions : oui oui, vous êtes bien à deux doigts de frôler la crise cardiaque.
Mais bon, après tout ce foin, il reste bien sûr un des points cruciaux à aborder. Dans la vie, il y a des lieux qui terrifient la quasi-totalité des personnes la nuit. Et bien Silent Hill s'amuse à reprendre tous ces lieux, et oui mesdames et messieurs, il va bien falloir y faire un tour ! Nous vous souhaitons la bienvenue dans l'école de Silent Hill où de sympathiques fantômes d'élèves défunts rôdent encore dans les salles de classe désormais vides, notre voyage continue dans le très chaleureux hôpital où de nombreuses infirmières se feront une joie de vous découper au couteau ! Mais ce n'est pas tout : de sombres égouts sont aussi de la partie, tout comme un parc d'attraction où les manèges fonctionnent encore vous attendant pour un petit tour ainsi qu'une zone touristique où les vacanciers ont l'air d'avoir été remplacé par de viles créatures...
Les joueurs de Silent Hill savent déjà ce qui fait à la fois le charme de la série et qui nous oppresse plus que tout : le passage au monde alterné. En effet, au cours du jeu, il arrivera souvent qu'en passant une porte spéciale, vous vous retrouverez dans un monde alterné : et autant vous le dire, si vous croyez déjà que les lieux visités représentent l'Enfer, celui-ci s'élève encore au-dessus sur l'échelle de l'horreur. Je ne vous expliquerai pas le pourquoi du comment pour éviter tout spoil, mais pour l'explication, une fois un lieu visité presque en entier, en passant une certaine porte vous vous retrouverez dans ce même lieu mais dans une version légèrement différente. En effet, les décors deviennent encore plus terrifiants, les murs sont teintés de sang, le sol est remplacé par des grilles rouillées où des choses étranges ont l'air de se passer au-dessous, certains murs auparavant absents apparaissent, davantage de monstres patrouillent dans les couloirs et tout est plus malsain : des cadavres sont accrochés au mur, des bruitages louches résonnent à vos oreilles et la musique s'intensifie, nous faisant battre le coeur à la vitesse d'une voiture de F1. Qui ne se souvient pas de ce fichu passage dans les casiers de l'école où un des casiers justement voit sa porte claquer, comme si quelque chose se cachait à l'intérieur ? Je n'en dirais pas plus, je vous laisse la surprise de ce passage qui a bien du en traumatiser plus d'un, dont je fais partie.
Je pense que vous savez désormais tout de l'ambiance que l'on retrouve en jouant à Silent Hill : même si vous êtes le plus grand des kékés ou bien une créature tout droit sortie du jeu, il est impossible de ne pas avoir peur. L'ambiance est unique, et seul ce jeu est capable de la retranscrire.
En dehors de celle-ci, Silent Hill brille aussi par son scénario. Vous rencontrez quelques personnages au cours de votre périple et ceux-ci jouent tous un rôle important, étrange ou non. La première personne rencontrée est Cybil, une jeune policière qui est chargée d'enquêter sur la disparition de ses collègues. Malheureusement, elle est sans doute la seule personne normale que vous croiserez dans le jeu. Parmi ceux-ci on compte aussi Dhalia Gillespie, une vieille femme prônant un dieu terrifiant, Lisa, une jolie infirmière que vous rencontrerez dans le monde alterné et Kaufmann, un docteur de l'hôpital Alchemilla qui comme vous lutte pour sortir sain et sauf de Silent Hill.
Vous serez amené à croiser ces personnages plusieurs fois dans votre aventure, et vous verrez très vite des doutes s'installer en vous concernant la confiance que vous pouvez leur attribuer ou non. Seul et perdu, vous serez souvent contraint à dépendre de certains pour pouvoir avoir une once d'espoir de retrouver votre fille saine et sauve.
A présent parlons un peu du gameplay. Rappelons-le, celui-ci s'avère être très proche de celui des premiers Resident Evil. Notre personnage est un peu "mou" à contrôler, ceci nous stressant encore plus de ne pas avoir un contrôle exquis sur notre héros. Celui-ci peut s'équiper d'armes blanches en tout genre, tel un tuyau d'acier ou bien un marteau de pompier, et aussi d'armes à feu : on retrouve bien sûr le classique revolver, le fusil à pompe et le fusil de chasse. Et non, pas de lance-roquettes ou de mitraillettes, il ne faut pas pousser mémé dans les orties. D'ailleurs, il va falloir faire gaffe aux munitions les cocos, car il n'y a rien de plus effrayant que de remarquer que notre chargeur est vide ! Tout comme les objets de soin et les points de sauvegarde, celles-ci sont loin d'être légion et il va falloir jongler habilement entre les armes pour éviter de se retrouver à cours de balle alors que de dangereux ennemis nous attendent. Sachez cependant qu'il faudra souvent privilégier la fuite, celle-ci étant plus bénéfique pour vous, vous économisant balle et santé.
Pour finir, il faut également noter que le jeu regorge d'énigmes souvent cocasses. Il faut déjà penser à ouvrir toutes les portes que l'on peut, fouiller toutes les pièces, récupérer tous les objets possibles, tout ceci pour ne pas rester à bloquer devant une énigme retord que l'on n'arrive pas à résoudre. Heureusement pour les plus impatients d'entre vous, de nombreuses soluces existent sur le web pour vous aider, d'ailleurs on remarque sur les forums que beaucoup bloquent à l'énigme du piano : et vous, arriverez vous à la résoudre sans tricher ?
Je pense avoir tout dit pour vous éclairer au maximum sur ce qui vous attend si vous tentez l'expérience Silent Hill. Tout dit, non, car le jeu regorge de secrets en tout genre, de passages emblématiques qu'ils seraient dommage de vous énoncer pour vous gâcher la surprise, et puis surtout, ce n'est que le début d'une grande saga qui a su faire ses preuves, surtout avec les deux volets qui suivent et qui s'annoncent encore plus terrifiants que celui-ci.
Silent Hill est une épreuve à passer pour tout gamer qui se respecte, un passage obligé pour quiconque veut se faire une réelle culture du jeu vidéo, et surtout une expérience à tenter pour toute personne en manque d'adrénaline car au fond, n'aimons-nous pas nous faire peur ?
"Un Très bon survival-horror qui vous marquera tant par le scénario que le’atmosphère générale du jeu. A essayer de toute urgence !"
Note de Noobinateur
REAGIR A L’ARTICLE :
Écrire commentaire