Titre : Phantom Of The Paradise
Genre : Fantastique
Titre Original : Phantom Of The Paradise
Année : 1974
Réalisateur : Brian De Palma
Acteurs : Paul Williams, William Finley,
Jessica Harper, George Memmoli, Gerrit Graham, Archie Hahn, Jeffrey Comanor, Peter Elbling, Colin Cameron, David
Garland...
Durée : 1h31
Synopsis :
Winslow Leach, jeune compositeur inconnu, tente désespérément de faire connaître l'opéra qu'il a composé. Swan, producteur et patron du label Death Records, est à la recherche de nouveaux talents pour l'inauguration du Paradise, le palais du rock qu'il veut lancer. Il vole la partition de Leach, et le fait enfermer pour trafic de drogue. Brisé, défiguré, ayant perdu sa voix, le malheureux compositeur parvient à s'évader. Il revient hanter le Paradise...
Brian de Palma est connu et reconnu dans le cinéma d’horreur et le thriller grâce à un CV exceptionnel. Entre Carrie au bal du diable, adapté du premier roman de Stephen King, Scarface, ou plus récemment Le Dahlia noir, De Palma s’est affirmé assez rapidement dans le monde du cinéma et surtout grâce à son adaptation revisitée façon rock ‘n’ roll du Fantôme de l’Opéra, Phantom of the Paradise.
Basé sur le célèbre roman fantastique de Gaston Leroux, cette comédie musicale horrifique est sans doute l’œuvre emblématique de Brian de Palma, et reconnu dans le domaine de la comédie musicale comme novateur, grotesque, et 100% rock ‘n’ roll ! Comment ce film a-t-il pu obtenir tant de reconnaissance au fil des années ? Comment a-t-il obtenu le Grand Prix du Festival International du film fantastique d’Avoriaz 1975, ainsi que de nombreuses nominations aux Oscars et aux Golden Globes ?
Souvent comparé au film culte The Rocky Horror Picture Show, sortis quelques mois plus tard, Phantom of the Paradise est un melting-pote de différents genres cinématographiques, musicaux et d’un nombre incalculable de référence à la culture pop de l’époque. De Palma liera deux histoire célèbre de la littérature : Le fantôme de l’opéra et Faust, dans une comédie musicale agrémentée d’un soupçon d’horreur, d’espoir, de drogue, de sexe et de rock ‘n’ roll.
La bande-son est produite par le chanteur Paul Williams, compositeur célèbre pour avoir travaillé avec des pointures comme David Bowie, Elton John, Barbara Streisand et plus récemment, les Daft Punk. Il interprète également le méchant de cette comédie musicale, le mystérieux Swan. Aussi charismatique que mauvais, Swan est une excellent parodie des méchants manipulateurs, qui ont vendu leur âme au diable (ce qu’il fait réellement dans le film). De Palma l’a choisit pour ce rôle, principalement pour sa petite taille (rendant le méchant un peu moins effrayant), pour son charisme et son humour noir. Il endosse donc le rôle d’un directeur du label Death Records, qui ne s’intéresse qu’à lui-même et prêt à tout pour monter l’affaire du siècle.
Son personnage est lui-même un mélange de différentes références littéraire et cinématographique, comme le personnage de Dorian Grey : Swan, après avoir signé un contrat, ne vieillit plus et c’est en regardant tous les jours son visage sur les vidéosurveillances que son image vieillit à sa place. On peut citer aussi Dracula, avec les tenues parfois sombres qu’arbore Swan pour errer seul dans son théâtre du Paradise.
Du côté des autres personnages, on a le fantôme du Paradise, Winslow Leach, compositeur de génie, quoique un peu naïf, qui s’est fait manipuler par Swan. En essayant de réclamer vengeance, il est grièvement blessé et se retrouve obligé de porter un masque pour cacher ses blessures. Ayant aussi perdu la voix, il parle par un appareil, lui donnant une voix et un souffle rauque. Pour finir, durant son séjour dans la prison de Sing Sing, on lui arrache les dents et on les remplace par des dents en métal.
Beaucoup de références sont présentes ici aussi : les dents en métal peuvent faire référence au personnage imaginé par Ian Fleming, le requin. Et plus étonnant encore, (en plus, nous sommes en pleine période de Star Wars), Georges Lucas s’est promené sur le plateau et, en recherchant des idées pour sa futur saga légendaire, il vit ce personnage balafré qui se cache sous un masque et qui parle par un appareil lui donnant une voix rauque et effrayante. Pas la peine de vous dire quel personnage il créa par la suite !
On continue avec la chanteuse un peu niaise Phoenix, interprétée par l’héroïne de Suspiria, Jessica Harper, ou encore le personnage loufoque de Beef, interprété par Gerrit Graham. Ce personnage, aussi ridicule soit-il, est une bonne représentation de la musique d’aujourd’hui, qui mise trop sur l’apparence plutôt que sur la chanson. (Son groupe, avec le maquillage, fait référence au groupe Kiss.)
Les références sont multiples et la réalisation est très réussie. De Palma a pris de nombreuses initiatives quant à la caméra. On peut noter les plans “split screen”, c’est-à-dire les plans par division de l’image. Ce procédé apparaît quand le fantôme pose une bombe dans une fausse voiture qui intervient durant une répétition d’un concert. L’image de droite montre la bombe dans le coffre de la voiture avec le tic-tac qui retenti. L’image de gauche montre le groupe qui répète son concert, sans savoir qu’une bombe est sur le point d’exploser. Les deux images se rejoignent au moment de l’explosion.
C’était un procédé très peu vu à l’époque et qui se démocratisa plus tard avec Quentin Tarantino. On peut noter aussi le générique de début, qui raconte l’histoire de Swan et de son label Death Records. Ce générique inspira Georges Lucas, qui prendra l’idée pour la saga Star Wars.
Les thèmes abordés dans le film en font plus qu’une simple comédie musicale. En effet, liant de nombreuses références de la littérature fantastique, romantique et classique, Phantom of the Paradise est un conte qui parle principalement de la vendetta d’un homme, devenu ce qu’il est à cause du méchant de l’histoire. Comme le dit Swan, il est le “reflet du monstre qu’il aurait pu devenir”.
On peut pousser la recherche plus loin avec le personnage de Swan. En piégeant Winslow avec un contrat signé par le sang, Swan devient un véritable avocat du diable, qui pourtant a cette apparence un peu inoffensive au départ. Swan est célèbre et adulé de tous. Cette célébrité le pousse à commettre à chaque fois l’irréparable. Il vit dans ce monde que la célébrité lui a créé. Il signe un contrat avec le diable, et en fait signer d’autres aux innocents. Il est à la fois le Faust de l’histoire et le diable qui fait un pacte avec Faust, ce qui rend le personnage d’autant plus monstrueux.
On peut aussi dire que ce film reflète le monde obscur du show-business, que ce soit à l’époque ou aujourd’hui. Les mensonges, les trahisons, les coups dans le dos et qui amène au meurtre ou au suicide. Le monde de showbiz est aussi dicté par l’argent et le pouvoir. Cela amène certains à vouloir se venger, même en y laissant leur propre vie.
Il me faudrait bien plus qu’une simple critique pour citer toutes les références que compte ce film. Je vais tout de même vous faire une conclusion simple. Phantom of the Paradise est un excellent film, aussi dramatique qu’amusant, aussi rock ‘n’ roll que romantique dans ses idées, aussi puissant que touchant. Mêlant très bien l’horreur avec la musique, c’est une comédie musicale de haute volée qui nous offre Brian de Palma, précurseur dans le domaine de la réalisation, du cinéma poétique et du thème de la vengeance lié avec la culture pop de l’époque. C’est un film à voir sans aucune modération, parfait pour les fêtes de fin d’année !
Note de Charlie
La Bande Annonce :